Dans ce roman de Virginie Grimaldi, nous suivons l’histoire de deux femmes. Élise approche la cinquantaine, toute sa petite vie de mère de famille éclate en morceaux lorsque son deuxième et dernier enfants quitte le cocon familial.
Elle se sent totalement perdue, démunie face à cette soudaine solitude, certes qu’elle partage avec Édouard, le chien de son fils, qu’elle a dû garder le temps qu’il termine ses études, mais il ne comble pas ce vide immense. L’un comme l’autre sont malheureux du départ de ce dernier.
Elle qui ne vivait qu’au travers des yeux de ses enfants, de leurs envies, désirs et existences, ils étaient son tout, comment réorganiser sa vie s’ils sont loin d’elle ? Comment savoir ce que l’on souhaite vraiment quand toute sa vie on a tout fait en fonction de ses enfants, que l’on s’est dévoué corps et âme pour eux ? Elle ne sera pas toute seule pour aller de l’avant, sa collègue Nora l’emmènera à un cours de danse africaine, à partir de là de nouvelles rencontres bouleverseront son quotidien.
Quant à Lili, la trentaine, qui vient d’accoucher d’une petite fille prématurée, elle nous transmet ses émotions et son quotidien au travers d’un journal qu’elle tient où elle se livre à sa fille. C’est ce quotidien à la néonat que Lili partage avec d’autres parents dans son cas, la joie d’être maman mais aussi la culpabilité, le stress et l’angoisse de chaque instant de perdre son enfant.
Il est difficile de gérer ses émotions, de protéger son couple lorsque l’on traverse une épreuve pareille, et encore moins facile quand il y a vos beaux-parents qui sont envahissants et qui veulent vous imposer leur vision de l’éducation en vous traitant encore comme des enfants.
Mais Lili n’est pas seule, avec sa petite fille encore toute fragile, la psychologue et les autres parents elle essaiera de surmonter cette première épreuve en tant que mère.
Le destin de deux femmes plus fortes qu’elles ne le pensent, qui apprendront à se connaître au fil des pages.
Avis de Gaëlle :
Virginie Grimaldi a le don de mettre des mots sur les maux, de donner de l’émotion, nous toucher en plein cœur.
J’ai été émue aux larmes plus d’une fois dans ce roman que j’ai dévoré. Mais j’ai su rire aussi, l’auteure a un humour décapant même si les sujets évoqués sont durs.
Je me suis retrouvée en Lili, mon fils est né pile un mois avant terme donc il n’était pas prématuré.
J’avais réussi à me préserver tout au long de la grossesse, je ne me projetais pas, suite à une fausse couche qui s’était mal passée l’année précédente.
Cependant quand je suis arrivée à la maternité pour la visite du huitième mois et que l’on m’a annoncée au compte goutte que l’on me garderait à l’hôpital et que l’on provoquerait l’accouchement dans 3 jours… et que tout compte fait cela finit par un accouchement en urgence par une césarienne car le bébé ne supporterait pas les contractions du fait que son sang avait du mal à circuler et que son cœur faiblissait.
J’étais perdue, seule, dans un état émotionnel très intense, croisant les doigts pour que le père arrive à temps et que tout se passe bien. Toutes ces craintes dont j’avais essayé de me protéger ont surgis d’un coup brisant toutes mes barrières au passage.
Le stress que l’on ressent au moment de la césarienne, la peur de ne pas revoir notre bébé lorsqu’ils l’emmènent pour vérifier que tout va bien… ce sentiment de solitude et cette attente infernale…le soulagement quand on vous le met dans les bras…ma petite crevette de deux kilos et ses 43cm, avoir le cœur serré de le voir branché à tous ces fils, de ne pas savoir s’il va prendre du poids comme il faut et si tout va bien… pour enfin que cela se termine par un énorme soulagement lorsqu’on vous dit que vous pouvez repartir chez vous…
Il y a aussi un magnifique hommage aux soignants, sage femmes qui prennent soin de nos enfants, leur gentillesse, leur douceur et leur amour pour ce métier si difficile et magique à la fois. J’ai eu la chance d’être bien entourée et j’ai pris tous les conseils possibles. Débuter en tant que mère est difficile, on part vers l’inconnu, certes une belle aventure mais les sage femmes nous guident et je ne remercierai jamais assez toute l’équipe médicale de l’hôpital de Gien, qui a su prendre soin de mon bébé et moi dès mon arrivée jusqu’à notre départ.
Toutes ces émotions je les ai revécues en lisant ce roman.
Aujourd’hui mon fils a 6 mois mais à partir du moment où l’on devient mère l’inquiétude ne nous quitte plus, il devient notre essentiel, notre vie prend tout son sens, et cela nous change à jamais.
C’est pour ces raisons que je me retrouve aussi en Élise, car même si mon fils est encore bébé, je le vois grandir et évoluer bien trop vite pour mon petit cœur. Je l’imagine déjà faire ses premiers pas, dire ses premiers mots, aller à l’école, avoir un(e) premier(e) copin(e) et un jour finir par quitter le nid.
Alors j’imagine dans quel état de détresse on peut être, perdre une part de nous même, pour enfin redevenir une femme et non plus se considérer seulement comme « maman ».
Ce roman est bouleversant je vous le conseille, on tourne les pages les unes après les autres, on le dévore, et on regrette de devoir quitter ces deux femmes auxquelles on s’attache dès les premières lignes.
A bientôt mes loulous pour de nouvelles aventures.
Avis de Virginie :
J’ai lu ce roman lorsque j’entrais dans mon deuxième trimestre de grossesse. Autant dire que j’ai été particulièrement touchée par les mots de Lili culpabilisant d’avoir eu une enfant prématurée parce qu’elle en aurait trop fait. Impossible pour moi de ne pas faire la projection, durant cette période qui pour moi était particulièrement stressante.
C’est un roman touchant, qui parle de deux femmes devant vivre une « séparation ». Que ce soit au travers de l’accouchement ou bien en laissant son enfant partir de la maison, celle-ci est une transition normale mais qui semble quoi qu’il arrive difficile à vivre pour la mère.
Virginie Grimaldi est une auteure incontournable, qui sait aborder les épreuves difficiles de la vie de manière très simple, et avec beaucoup de douceur. J’ai aimé les différents liens qui se créent au cours de l’histoire, entre les parents vivant la même situation, les soignants toujours présents, et la difficulté pour le couple de surmonter ceci. Ce livre m’a marquée mais je ne recommande peut-être pas de le lire durant sa propre grossesse.
Fiche technique :
Et que ne durent que les moments doux
Ecrit par Virginie Grimaldi
Edité par Le livre de poche
Nombre de pages de l’édition imprimée : 384 pages