La Nuit de l’Ogre de Patrick Bauwen : 8/10

Après une longue garde aux Urgences, Christian Kovak s’apprête à partir de l’hôpital quand une jeune fille monte dans sa voiture. Elle a été mordu à la main mais refuse de se faire soigner. Après quelques minutes de trajet, elle lui demande si il la reconnaît avant de sortir du véhicule en oubliant son sac. A l’intérieur se trouve une tête dans du formol et des vêtements tâchés de sang. Kovak se sent perdu, il va donc voir Greta Van Grenn, la surveillante des Urgences. Il pense que c’est une sorte de bizutage de la part d’une de ses élèves. Greta le dissuade d’appeler la police car elle pense qu’il s’agit de sa fille, à cause d’un détail.

La jeune fille en question, Justine, rejoint une amie, Samia, dans une vieille rame désaffectée du métro, dans un lieu connu seulement de quelques tagueurs et d’anciens ou actuels étudiants en médecine. Il n’y a que là qu’elle se sent en sécurité. la veille, elle a volé quelque chose dans une maison à 200km de Paris mais elle a été surprise par quelqu’un (le propriétaire ?) et en s’enfuyant, s’est faite mordre par un animal blessé. Depuis, elle se sent suivie, elle a peur.

2 jours plus tard, Audrey Valenti et ses collègues de la Brigade des Réseaux Franciliens découvrent une jeune fille inconsciente et mordue par les rats dans cette rame de métro. L’inconnue est soignée et emmenée dans la partie judiciaire de l’hôpital Hôtel Dieu, Cusco. Dans les souterrains, Audrey et Floriant d’Appremont continuent l’enquête et découvrent une inscription écrite avec du sang : « JE VOUS AI OBSERVÉ »

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C’est avec plaisir que j’ai retrouvé les personnages de cette trilogie. 1 an s’est écoulé depuis Le Jour du Chien et les choses ont bien changé. Audrey et Chris sont séparés et ne se parlent plus. Lui est de plus en plus torturé par ses démons, l’alcool, les insomnies, l’adrénaline et ne vit que pour son travail. Elle a changé de vision des choses et de métier, elle est maintenant lieutenant de police (son 1er emploi en réalité avant de devenir juge d’application des peines). Elle a rejoint la brigade Evangile de Batista. Sa vie à lui non plus ne s’est pas améliorée. L’auteur développe un peu plus les caractères, surtout ceux d’Audrey, de Christian, de Greta, de Batista, du Chien et d’un nouvel adversaire. De nouveaux personnages font aussi leur apparition, ce qui amène une certaine fraîcheur avec des relations externes à l’intrigue (du moins en apparence).

On découvre l’univers gore de la photographie mortuaire et les fraternités estudiantines dont certaines sont bien entendu secrètes avec des liens dans le monde entier. L’action sort de Paris et même de France, ce qui nous fait voyager. Au départ, il est agréable de découvrir d’autres lieux que les souterrains mais très vite l’environnement malsain de l’action nous rattrape et nous laisse dans une sorte de malaise dérangeant.

Ce qui est intéressant, ce sont les interactions entre tous les personnages. Les sentiments ambivalents des protagonistes sont très bien amenés et sèment le doute dans l’esprit du lecteur, ce qui renforce de sentiment de tension qui monte crescendo. L’univers de cet opus est de plus en plus sombre. L’atmosphère est encore plus lourde que dans le premier tome. Le twist final ou devrais-je dire les twists finaux (c’est une habitude) sont toujours très efficaces, ils nous laissent un goût amer et bien sûr la volonté de découvrir la suite qu’on imagine encore plus percutante, addictive et dure à lire.

Bref, le Chien est toujours là pour nous faire cauchemarder et il y arrive très bien.


Fiche technique :

La Nuit de l’Ogre

Par Patrick Bauwen

Éditions : Le Livre de Poche

576 pages


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